Irrigation de proximité : un investissement de 333 milliards de FCFA acté
Face aux défis climatiques persistants, le Conseil des Ministres vient d’approuver la Phase II du Programme national d’Irrigation de Proximité (PNIP) pour 2025-2034. Fort des succès de la première phase, qui a étendu l’irrigation aux zones marginales et renforcé la résilience locale, cette nouvelle étape vise à consolider les acquis. Avec un investissement de plus de 333 milliards de FCFA, financé par l’État et divers partenaires, le PNIP II ambitionne d’augmenter les revenus ruraux et d’assurer la sécurité alimentaire, marquant une avancée majeure pour l’agriculture nationale.
Adopté en 2012 pour contrecarrer les aléas climatiques affectant lourdement la production agricole, le PNIP original s’est étendu de mars 2012 à février 2021. Un double audit – de performance et financier – a confirmé la pertinence de ses actions et la régularité de sa gestion. Le rapport souligne l’efficacité du programme dans l’extension de l’irrigation au-delà des grands axes fluviaux, atteignant des zones marginales où il a significativement renforcé la résilience et les moyens d’existence durable des communautés locales.
Malgré un taux de réalisation de 52,4% des superficies aménagées et équipées (soit 66 031 hectares sur une prévision de 126 000 hectares), les retombées du PNIP sont jugées très positives. Parmi les acquis majeurs, on note une contribution substantielle aux objectifs chiffrés des programmes gouvernementaux d’aménagement hydroagricole. Le programme a également brillé par la participation effective des populations bénéficiaires à l’investissement, avec une forte implication des Collectivités territoriales dans le suivi et le contrôle des activités. Un autre impact direct et tangible a été la disponibilité permanente des produits maraîchers sur les marchés locaux des zones de production, améliorant ainsi de manière significative la nutrition dans les régions concernées.
Fort de ce bilan, l’élaboration et la mise en œuvre d’une seconde phase du PNIP étaient une recommandation logique. L’objectif est clair : consolider les acquis, corriger les insuffisances, intégrer les évolutions institutionnelles et, crucialement, prendre en compte les effets accrus des changements climatiques. Cette deuxième phase se fixe pour mission de permettre à la population rurale d’exploiter pleinement le potentiel de l’irrigation de proximité afin de contribuer à l’augmentation des revenus et à la sécurité alimentaire. C’est une vision qui reconnaît l’irrigation non seulement comme un outil technique, mais aussi comme un levier de développement socio-économique et d’autonomisation des communautés.
L’ambition de cette nouvelle phase se reflète dans son coût global projeté : 333 milliards 306 millions 743 mille francs CFA. Ce montant considérable témoigne de l’engagement des différentes parties prenantes. Le financement sera assuré conjointement par l’État, les entreprises agricoles, les communautés bénéficiaires elles-mêmes, et les partenaires techniques et financiers. Cette approche collaborative souligne l’importance d’une mutualisation des efforts pour atteindre des objectifs aussi cruciaux que la souveraineté alimentaire et le développement durable des zones rurales. Avec le lancement imminent de cette Phase II, le Programme national d’Irrigation de Proximité s’affirme comme un pilier central de la stratégie agricole du pays, promettant de transformer le paysage rural et d’offrir un avenir plus résilient aux agriculteurs face aux défis climatiques.
Ibrahim Kalifa Djitteye