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Journée internationale du blog : Le blogging au Mali, activité prometteuse prise au piège entre plusieurs obstacles

Chaque année, à la date du 31 août, le monde entier célèbre la journée internationale du blog. Une occasion pour vulgariser cette activité peu connue. Des blogueurs maliens racontent leurs expériences et les difficultés de la profession.

Les  « drogués », comme des autorités ont l’habitude de désigner les blogueurs au Mali, célèbrent leur journée ce 31 août 2019. Une occasion particulière pour ces hommes férus du net de promouvoir ce métier à travers plusieurs activités. Pour cette célébration, comme pour les autres années, le Mali n’est pas resté en marge. Plusieurs activités sont programmées par les blogueurs.

Des hommes convaincus

Au Mali, on rencontre plusieurs blogueurs expérimentés qui sont dans le domaine depuis des années, dont les convictions sont toujours restées inébranlables quant à l’avenir de ce domaine peu en vogue. Dans cette catégorie, nous retrouvons Aliou Diallo, blogueur depuis 2016, année à laquelle il a ouvert son premier blog sur WordPress, plateforme libre où les blogueurs peuvent ouvrir leur blog sans frais, grâce à l’appui du président de la communauté des blogueurs du Mali (Doniblog), Abdoulaye Guindo. Selon Aliou le blogging est une activité prometteuse dans son pays.

Depuis près de cinq ans, Issouf Koné se trouve également dans ce domaine. C’est la passion pour l’écriture qui l’a conduit dans ce secteur, précise-t-il. Parlant de la journée du blog, Issouf pense qu’elle est importante dans ce sens qu’elle permet de rendre hommage aux blogueurs tout en faisant valoir la place qu’occupe cette activité dans le monde. « Cette journée me fait savoir que je mène une activité qui n’est pas négligée », indique-t-il avant de préciser qu’il s’agit d’une reconnaissance aux blogueurs. À ce titre, il reste convaincu que dans les 5 ou 10 ans à venir, les blogueurs réussiront à vivre de leur activité. Mais faudrait-il qu’au préalable, qu’ils se battent afin qu’ils soient réellement reconnus par l’État, et qu’on leur octroie un statut ?

Il n’y a pas que les hommes qui composent la blogosphère malienne, nous y retrouvons également des femmes. Après être inspirée par des femmes leaders, Tenin Samaké se retrouve dans le blogging dans le but avoué de faire valoir l’histoire des femmes engagées d’Afrique ; des histoires susceptibles d’inspirer d’autres jeunes générations. De nos jours, Tenin, après avoir mise en place une plateforme en ligne, est aujourd’hui parvenue à mettre en place une Webzine, Womanager. Elle se dit satisfaite grâce aux retours qu’elle reçoit de beaucoup de jeunes filles.

De son côté, le président de l’Association des blogueurs du Mali (ABM), Issoufi Dicko, explique que le blogging est pour lui, avant tout, une passion et aussi un moyen d’expression.

Quel avenir pour le blogging ?

Aliou Diallo accorde une grande importance à cette activité parce qu’elle permet, selon lui, aux jeunes de faire valoir leurs points de vue auprès des autorités publiques. Cela est essentiel à ses yeux, car, dit-il, « si on ne peut pas mettre fin à des maux par des  mots, on va prendre des armes pour soigner ces maux. »

De son côté, Issouf Koné invite les uns et les autres à s’adonner sérieusement à cette activité, comme dans les autres pays, notamment le Cameroun, la Côte d’Ivoire, etc. À ses dires, il ne suffit nullement d’être sur des réseaux sociaux pour se qualifier de blogueur. Le B.A-BA, c’est la création et l’animation régulière d’un blog, un journal personnel en ligne sur lequel le blogueur exprime son point de vue. « Il faut se donner à fond à l’écriture qui constitue tout un travail sérieux pour éviter de publier des choses biaisées », indique-t-il. Il poursuit en expliquant qu’il s’agit de tout un travail d’investigation, de rigueur dans l’écriture. C’est ainsi qu’il reconnait qu’au Mali, beaucoup de travail reste à faire dans le domaine du blogging.

Selon le président de l’ABM, le blogging constitue une arme pour le développement du Mali. « Les jeunes en particulier peuvent s’en servir pour s’informer sur la vie de la nation, celle de leur communauté ; bref, sur l’état du monde », a-t-il précisé.

Une activité contre vents et marrées

Comme toutes les activités, les blogueurs maliens sont confrontés à d’énormes difficultés que nous révèlent des membres influents de la blogosphère. La question du coût de l’internet est celle qui revient de façon percutante.

En effet, M. Dicko  reconnait qu’il y a des obstacles à surmonter, « entre autres le coût et la qualité de la connexion, la couverture du territoire par les opérateurs sans oublier les contenus qui doivent être en lien avec l’éthique ».

Abordant dans le même sens, Aliou Diallo, membre de Doniblog et contributeur de la plateforme de blogging malien, Benbere, pense qu’en matière de connectivité, il y a eu assez de progrès de 2010 à maintenant. « Je me souviens que dans les années 2010, on payait 100 Mo à 1500, mais aujourd’hui ces 100 Mo coûtent environ 200 ou 250 FCFA », confie-t-il. Il reconnait donc qu’il y a eu une amélioration nette, aussi bien au niveau de la qualité qu’au niveau du coût. Toutefois, il se profite pour signifier aux opérateurs de téléphonie mobile qu’il y a toujours la place à l’amélioration.

Quant à Tenin Samaké, également membre de Doniblog et de Benbere, elle trouve que l’existence de deux associations de blogueurs au Mali pourrait handicaper l’élan de cette activité dans ce pays. Car, rappelle-t-elle, « seul on va vite, mais ensemble on va loin ». Cette existence peut compromettre l’élargissement de la blogosphère malienne. La problématique de la cherté de la connexion, qui constitue une véritable barrière pour quiconque veut s’adonner à cette activité sans avoir d’autres sources de revenue, est évoquée également par elle. À côté de cela, cette blogueuse évoque également le problème de l’atteinte du lectorat. Pour cela, elle invite ses collègues à la diffusion des contenus de qualité afin d’attirer le plus grand nombre de lecteurs.

Bonne journée de blog à tous les blogueurs du monde !

F. TOGOLA

Source : LE PAYS

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