Au Mali, les cours d’eau connaissent une dégradation alarmante de leur qualité, marquée par une turbidité excessive, une coloration inhabituelle, des odeurs nauséabondes et un goût altéré. Une situation critique dénoncée avec force par le Syndicat Unique des Travailleurs de l’Eau et de l’Electricité (SUTEELEC) et plusieurs organisations partenaires, lors d’un point de presse organisé à l’occasion du 1er mai 2025.
Selon les syndicalistes, cette pollution sans précédent est la conséquence directe de nombreuses activités humaines, notamment l’orpaillage traditionnel et le dragage semi-mécanisé, pourtant interdits par la loi minière de 2023. En remontant les sédiments et en utilisant des produits chimiques toxiques, ces pratiques contribuent à empoisonner les eaux du pays. Résultat : une détérioration visible de la qualité de l’eau, tout au long de l’année, alors qu’auparavant ces phénomènes se limitaient à la saison des pluies.
« Nos cours d’eau sont en train de mourir à petit feu, leur qualité diminue de manière alarmante », a alerté Bocar Témé, secrétaire général du SUTEELEC. Il a rappelé que cette dégradation ne touche pas uniquement l’environnement, mais menace aussi la santé publique, la production d’eau potable, la pêche, l’agriculture, la production d’énergie hydroélectrique et même le tourisme.
La sonnette d’alarme a également été tirée par Ernest Dembélé, coordonnateur national de la Coalition Malienne « Publiez Ce Que Vous Payez ». Il a insisté sur la nécessité urgente de faire respecter la loi n°2023-040 du 29 août 2023, qui interdit formellement le dragage dans les cours d’eau. Il a salué les récentes saisies de dragues à Kangaba, mais estime que ces actions doivent être systématisées et étendues à l’ensemble du territoire national.
En plus de la pollution physique, les intervenants ont évoqué l’utilisation illégale de pesticides interdits, aggravant davantage les risques pour les populations et les écosystèmes. Face à cette situation, ils appellent à une mobilisation générale. « Ce n’est pas seulement un combat des syndicats ou de quelques structures, mais une bataille pour l’avenir du Mali. Sans une eau propre, c’est la vie elle-même qui est menacée », ont-ils martelé.
La point de presse s’est achevé sur des slogans forts : « L’eau, c’est la vie », « Sauvons nos cours d’eau », « Sauvons le fleuve, sauvons le Mali ». Ces mots résument l’urgence et la gravité de la situation.
Car comme l’a rappelé un intervenant. « L’eau ne crie pas, mais elle se meurt. Et avec elle, c’est tout un pays qui risque de s’éteindre ». Les cours d’eau maliens, notamment le fleuve Niger, sont bien plus que des sources d’eau, ils sont l’épine dorsale de la nation. Leur protection est aujourd’hui une obligation vitale, une question de survie.
Issa Djiguiba
