MEDIASPOLITIQUE

Projet référendaire et de nouvelle constitution : Quand le ministre Ikassa met fin aux débats sur l’inconfort de la période de transition

De plus en plus, l’élaboration de la nouvelle constitution par les autorités de la transition fait jaser. Des partis politiques, estimant que cela n’est nullement prioritaire de nos jours, protestent contre cette réforme enclenchée par la transition malienne. Lors de la récente visite effectuée au Mali par le médiateur de la CEDEAO pour le Mali, Goodluck Jonathan, le ministre Ibrahim Ikassa Maïga en chargé de la Refondation de l’Etat a mis fin à tout débat. Il fait recours au passé récent du pays en mettant les détracteurs au défi.

Partis comme regroupements politiques, ils sont de nos jours nombreux à se plaindre de certains travaux amorcés par les autorités de la transition. S’agissant, en particulier, du projet de référendum s’inscrivant en droite ligne de l’élaboration d’une nouvelle constitution. Les différentes déclarations certifient que des partis politiques, tels que l’Espérance nouvelle Jigiya Kura de Housseini Amion Guindo, figurant par le passé sur la liste du Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, s’opposent à toute élaboration d’une nouvelle constitution en cette période de transition. Composée des politiques comme Issa Kaou N’Djim et plusieurs autres regroupements, la nouvelle plateforme dénommée ‘’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali’’ reste également catégorique. Elle appelle les autorités de la transition à la tenue des élections à date et dit niet à toute élaboration d’une nouvelle constitution. À l’occasion de la visite d’une forte délégation de la CEDEAO, venue pour s’enquérir de l’état d’avancement des réformes politiques et électorales en cours au Mali, des précisions ont été données par le ministre Ibrahim Ikassa Maïga. Il tenait, lors de la rencontre tenue au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, à préciser à la délégation conduite par le médiateur Goodluck, que le chronogramme électoral est intimement lié à l’élément fondamental de réalisation du référendum. Pour le référendum, le souci du gouvernement du Mali est celui de l’inclusivité. Les autorités de la transition ont voulu, pour la réussite du référendum censé aboutir à une nouvelle constitution, associer toutes les forces politiques et sociales à cet acte majeur. En la matière, la commission de finalisation de la nouvelle constitution a été mise en place sous le leadership du colonel Assimi Goïta.Cette commission était, rappelait le ministre à la délégation de la CEDEOA en visite au Mali, composée des représentants des forces politiques et sociales, ceux des partis et regroupements politiques, les représentants des Organisations de la société civile, ceux des légitimités traditionnelles et les confessions religieuses. A cela s’ajoute la participation des représentants des Maliens établis à l’extérieur, les universitaires, les représentants des institutions du pays. La commission de finalisation a fini ses travaux et s’apprête à remettre son rapport au Président de la transition, le colonel Assimi Goïta.

Ikassa fait recours au passé du pays pour mettre les opposants politiques au défi !

Quant au débat portant sur l’élaboration de la nouvelle constitution en période de transition, la réponse du ministre ne souffre d’aucune ambigüité. Il a tenté de convaincre la CEDEAO et contredire les propos venant des opposants du jour. Lesquels poursuivent des compagnes en rapportant aux uns et aux autres que la transition ne doit pas avoir comme vocation d’élaborer une nouvelle constitution. Ibrahim Ikassa trouve d’ailleurs que le Mali contemporain a eu essentiellement trois (3) constitutions. Il s’agit de la constitution de 1960, celle de 1974 et la constitution du 25 février 1992.Toutes ces constitutions ont comme dénominateur commun la période de la transition. Parce qu’elles ont été toutes élaborées pendant la période de transition au Mali. La première constitution a été élaborée entre le 20 août et le 22 Septembre 1960 à la suite de l’éclatement de la Fédération entre le Mali indépendant et le Sénégal. Cette dernière a été élaborée et adoption, rappelait le ministre Maïga au médiateur Goodluck et à sa délégation, alors que le pays était dans une période transitoire. Aussi, a-t-il révélé, la deuxième constitution est issue du régime exceptionnel du coup d’Etat de 1968. Le pays a alors connu une nouvelle constitution entre 1968 et 1974. « Les Maliens ont élaboré et adopté cette deuxième constitution en date du 2 juin 1974, pendant qu’ils étaient encore sous une période transitoire », fait entendre le ministre. Et la dernière constitution du Mali, datant du 25 février 1992, est également issue de la révolution de mars 1991. Une révolution qui, par la suite, s’est soldée par la chute du régime de l’ex-président, Moussa Traoré. Ainsi, argue le chef du département de la Refondation, cette troisième constitution a été élaborée, puis promulguée sous une autre transition. Contrairement aux politiques présentement opposés à toute rédaction d’une nouvelle constitution, le ministre chargé de la Refondation de l’Etat soutient, quant à lui, « qu’il n’y a pas quelque chose de nouveau en la matière ». Ibrahim Ikassa Maïga rappellera que cette dernière constitution a fait l’objet de plusieurs tentatives de révision depuis 1997 à nos jours. « L’ex-Président de la République, Alpha Oumar Konaré a essayé de réviser cette constitution en vain. Le Président Amadou Toumani Touré a, par la suite, tenté en vain. A son accession au pouvoir, Ibrahim Boubacar Keïta l’a également tenté sans succès », indique le ministre Maïga à la délégation de la CEDEAO au Mali. En clair, affirme-t-il, « la nécessité de réviser la constitution était là depuis fort longtemps. Et nous avons dit que pour sortir d’une telle crise multidimensionnelle intimement liée aux Institutions et à la modalité d’organisation de l’Etat, il va falloir résolument aller à cette réforme constitutionnelle ». C’est d’ailleurs cette réforme constitutionnelle qui a été réaffirmée et exprimée, via les Assises nationales pour la refondation, comme volonté du peuple malien.

Mamadou Diarra

Source : LE PAYS

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