Dans un contexte régional tendu, marqué par des défis sécuritaires persistants et des mutations géopolitiques profondes, le Mali fait le choix de la lucidité et de la responsabilité. La récente révision de la Charte de la Transition, loin d’être un simple prolongement, s’inscrit dans une dynamique de cohérence stratégique au service de la stabilité nationale et sous-régionale.
Donner un cap à la refondation
L’un des fondements majeurs de cette révision réside dans la nécessité de fixer un horizon temporel clair. Ce choix permet non seulement de sortir de l’incertitude, mais surtout d’élaborer des documents programmatiques cohérents, à l’image du Plan d’Action Gouvernemental ou des différents plans sectoriels en cours. Sans calendrier ni stabilité, il serait illusoire d’engager des réformes structurantes. La Transition, ainsi réajustée, offre désormais un cadre de référence indispensable pour construire.
Une transition en phase avec les exigences de l’AES
Depuis la création de la Confédération des États du Sahel (AES) en juillet 2024, le Mali évolue dans une nouvelle architecture de coopération politique, diplomatique et sécuritaire. Cette nouvelle donne exige une synergie d’action entre les trois États membres (le Mali, le Burkina Faso et le Niger), notamment sur la question cruciale de la sécurité, préalable incontournable à toute élection crédible.
En effet, l’organisation des scrutins ne peut être envisagée en dehors d’une coordination sécuritaire entre les membres de l’AES. À ce titre, l’engagement conjoint dans la lutte contre le terrorisme, à travers la force confédérale, impose une lecture partagée des calendriers politiques.
Une confédération encore en construction
L’opérationnalisation de l’AES est en marche. Le traité fondateur prévoit la création d’institutions communes : la Banque Confédérale d’Investissement et de Développement en est l’un des piliers. De même, l’Autorité du Liptako-Gourma est en cours de transformation en Agence de développement. Ces chantiers de grande envergure exigent du temps, de la méthode et un accompagnement politique fort. Il serait irresponsable d’ignorer ces avancées en précipitant un retour aux urnes.
Des choix portés par une volonté de transparence et de responsabilité
Cette troisième étape de la Transition s’inscrit dans une démarche d’écoute et de construction. Elle se nourrit des recommandations issues des Assises nationales de la Refondation et du Dialogue inter-Maliens. Elle réaffirme l’attachement aux valeurs de la Constitution de 2023. Et surtout, elle traduit une volonté ferme de rétablir la confiance entre les institutions et les citoyens, en posant les bases d’une gouvernance plus stable, plus inclusive et mieux articulée aux réalités du terrain.
Le Mali avance, avec lucidité et responsabilité. Et si cette Transition se poursuit, c’est pour mieux garantir à notre pays une sortie durable de la crise et une souveraineté pleinement assumée.
Correspondance particulière
