Voyant leur déclin se profiler à l’horizon : Le RPM et l’ADEMA en guerre de conservation ?
Les tractations pour les législatives, dont le premier tour est prévu pour le 29 mars, vont bon train avec en toile de fond une campagne qui désoriente les électeurs, confus qu’ils sont face à des alliances indigestes incarnées par une subite idylle nouée entre ennemis d’hier ne ressentant aucune gêne aujourd’hui à câliner au vu et au su de tout le monde dans le seul but de ne pas être sevrer de la grande vache laitière qu’est devenu l’Etat du Mali pour des crapules de toutes sortes !
Dans cette guerre de positionnement, le RPM qui s’inquiète de l’après IBK, et l’ADEMA-PASJ, nostalgique du pouvoir depuis bientôt 20 ans, sont dans une lutte de conservation, puisque voyant comme dessiner l’horizon, ce qui parait bien être leur déclin certain dans un Mali où le peuple est désormais décidé à prendre son destin en main ! Que valent désormais les hommes politiques maliens aux yeux des électeurs ? Ces derniers ont-ils compris ces jeux politiques qui se font sur leur dos ?
Autant de questions qui préoccupent les observateurs de la scène politique malienne mais qui, en réalité, sont des signes annonciateurs d’une recomposition certaine notre classe politique. En effet, en face des alliances dites contre nature, nous assistons aujourd’hui à l’éclosion d’une nouvelle race de citoyens engagés au sein des partis qui, jadis, n’étaient perçus que de micro-partis, mais qui semblent un peu menacer les « grands » en tourment face un peuple qui s’éveille peu à peu.
Des journalistes et des citoyens ordinaires respectables dans leurs cités portés sur des listes de partis, signe que ces derniers ont compris que l’image des hommes politiques, surtout ceux de la vielle classe, ne vend plus aux yeux des électeurs ? La réponse est partiellement « oui », mais pas que cela, car les partis qui ont finalement fait une telle option se sentent eux aussi compromis quelque part pour s’être alliés à cette vielle garde qu’ils ne manquent cependant aucune occasion de critiquer et de la tenir responsable de tous les maux dont souffre ce pays !
Nous l’avons maintes fois souligné, ces partis sont de plus en plus décriés pour avoir été pratiquement les seuls à gérer le pays depuis près de 30 ans, donc responsables actifs ou passifs, directement ou indirectement de ce qui nous arrive aujourd’hui, et cela à travers de simples jeux de chaise musicale ! Ils sont également décriés pour l’absence de démocratie en leur sein, à l’image de ce qui aura été pour eux dans la gestion des affaires de l’Etat, les jeunes étant toujours relégués au second plan et soumis aux désidératas des « vieux » par la force de l’argent !
Face à cette situation, surtout à la veille d’une élection qui aurait pu être l’une des plus ouvertes, n’eut-été le contexte sécuritaire dans notre pays, les acteurs du mouvement démocratique, principalement ceux qui animent des partis comme le RPM et l’ADEMA-PASJ, sont engagés pour la plupart dans un combat de survie. D’où l’une des raisons fondamentales des alliances dites contre nature qui renvoient le plus souvent à celles nouées par ces partis avec l’URD de Soumaila Cissé, principal parti de l’opposition.
Ce parti, qui était tout aussi taxable des mêmes griefs, puisque transfuge de l’ADEMA-PASJ, est parvenu au bout d’une longue lutte de bientôt sept ans dans l’opposition, à redorer son blason face à l’incapacité du régime en place et ses alliés comme l’ADAMA à faire face aux besoins les plus élémentaires des maliens, à fortiori leurs préoccupations les plus essentielles en matière de paix et de sécurité, surtout de gouvernance. Ce qui fait que le parti URD se trouve aujourd’hui plus près du peuple avec qui il partage les mêmes préoccupations, appréhensions et difficultés quant à l’avenir et le devenir du Mali.
C’est d’ailleurs pourquoi nombre de nos compatriotes ne comprennent pas du tout pourquoi ce parti a accepté de s’allier dans certaines circonscriptions avec le RPM et l’ADEMA. Pour ces citoyens, l’URD aura ainsi commis une erreur en tombant dans les pièges de ces deux partis répondant en partie de ce qui est du Mali depuis septembre 2013. Pour eux, le RPM et l’ADEMA tentent plutôt de profiter de la nouvelle aura retrouvée par le parti de Soumaila Cissé auprès du peuple malien pour se taper des députés à l’Assemblée Nationale partout où ils savent qu’ils ne jouissent plus de la confiance des électeurs.
Pour ces citoyens, l’URD devrait aller au-delà de sa peur pour présenter des listes propres, gage de succès sans l’aide de ses nouveaux alliés de circonstance ne jouissant plus d’assez de crédit auprès des électeurs ! Ces alliances, qui inquiètent les maliens, risquent aussi d’impacter négativement sur l’URD, tant en termes de victoire électorale qu’en termes de conviction, d’où l’agacement face au fait que l’opposition ait accepté de collaborer avec la majorité, non pas pour les intérêts du Mali, mais pour des questions de sièges de député !
Nous pensons que ce parti, une fois les élections terminées, tirera tous les enseignements de cette situation, et surtout qu’il ne tombera de nouveau dans le piège de ceux qui fantasment sur une utopique refondation de la grande famille ADEMA !
Seydou DIALLO
Source : LE PAYS