En 2020, alors que la crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19 battait son plein, le Mali, comme de nombreux pays, a mis en place un programme de riposte visant à limiter la propagation du virus. Dans ce cadre est née l’initiative « Un Malien, un masque », qui prévoyait la distribution gratuite de 21 millions de masques de protection sur l’ensemble du territoire national. Face aux interrogations persistantes dans l’opinion publique concernant la traçabilité de cette vaste opération, des documents officiels que nous avons consultés lèvent tout le doute.
Le Ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion des Investissements, Harouna Niang, a confirmé dans une correspondance adressée au Premier ministre de l’époque que les 21 millions de masques ont bien été répartis et distribués à travers tout le pays. Ces masques se répartissent en deux catégories : environ 10 millions de masques chirurgicaux d’une part, et près de 11 millions de masques en coton lavables et réutilisables d’autre part, totalisant ainsi le chiffre annoncé.
Le tableau de répartition consulté révèle plus de soixante bordereaux de livraison, couvrant aussi bien les communes urbaines que les cercles, régions administratives, ainsi que diverses institutions étatiques. Parmi les bénéficiaires figurent notamment les cinq communes de Bamako, les cercles de Kati, Kita, Diéma, Bougouni, Koutiala, San et Bandiagara, ainsi que les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Sur le plan institutionnel, le ministère de la Défense, celui de la Santé, de l’Éducation, le Conseil national de la jeunesse, la Présidence, la Cour suprême et la Primature ont également reçu des livraisons. Chaque bordereau détaille les dates de livraison, les structures bénéficiaires, les quantités exactes et mentionne les noms et titres des personnes en charge de la réception.
Cette opération a été conduite dans un contexte d’urgence, notamment à l’occasion du second tour des élections législatives de 2020, alors que la flambée épidémique imposait des mesures rapides. Le Conseil des ministres avait alors confié la mise en œuvre à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), en collaboration avec les ministères des Finances ainsi que de l’Industrie et du Commerce, pour assurer à la fois l’importation et la production locale des masques par les industries et artisans nationaux.
Malgré ces preuves tangibles, certains acteurs de la société civile et des médias ont critiqué le manque de communication proactive de la part du gouvernement à cette période, ce qui a alimenté les doutes quant à la gestion des fonds et à la réalité effective de la distribution. Néanmoins, la publication de ces documents officiels vient désormais confirmer la matérialité des livraisons sur le terrain.
Issa Djiguiba
