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DIALOGUE NATIONAL : La grande farce boycottée !

Dans un discours à la Nation, le samedi dernier, le président de la République IBK a annoncé la date d’ouverture des travaux du dialogue national (14 décembre 2019). Ce dialogue, risque de se transformer en une grande farce entre le gouvernement et des cadres de l’administration. Au-delà, l’on s’achemine vers un fiasco monumental ! Et pour cause, de nombreux acteurs clés de la nation (partis politiques, associations, groupements de la société civile et mouvements signataires de (l’accord de paix) ont décidé de bouder cette rencontre qualifiée de folklore, et dont le seul objectif est de cautionner le projet de référendum du président IBK.

Les raisons invoquées sont, entre autres, l’ambiguïté qui entoure les thèmes de référence du dialogue et surtout le manque de confiance envers le gouvernement qui est soupçonné de vouloir contrôler les débats. En effet, les termes de référence du dialogue national inclusif ont été validés, le lundi 16 septembre 2019 à Bamako. Les organisateurs estiment que les recommandations issues du document permettront de mettre en place une stratégie de sortie de crise multidimensionnelle que connait le pays. L’opposition, quant à elle, émet de sérieuses réserves sur les vraies motivations du président IBK

Tollé contre un « dialogue administré »

De nombreuses voix s’élèvent sur le plan politique contre la méthode adopté par le pouvoir. Aussi, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), le principal regroupement de l’opposition, dirigé par Soumaïla Cissé, a décidé, le samedi 21 septembre dernier, de ne pas participer au dialogue national inclusif.  La décision a été prise suite à la non-prise en compte des propositions du FSD « pour la réussite du Dialogue national inclusif » par l’atelier de validation des Termes de référence tenus du 14 au 16 septembre 2019.

Le FSD avait soumis plusieurs propositions à l’atelier de validation des Termes de référence. Ces propositions sont, entre autres, revenir au concept de Dialogue national inclusif ; évaluer l’utilité de tous les participants et allier l’inclusivité à la représentativité paritaire, tant de la majorité, de l’opposition que de la société civile, en évitant la surreprésentation de l’État qui devrait se limiter strictement à la facilitation logistique, sécuritaire et budgétaire ; préciser à l’avance le processus décisionnel qui devrait être sanctionné par une majorité qualifiée des trois quarts (3/4), à défaut de consensus sur un point donné ; débattre sur les raisons des retards et blocages de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et, le cas échéant, envisager sa relecture ; apprécier l’opportunité et la pertinence de la révision constitutionnelle en ce moment en raison, entre autres, de l’absence de l’État à Kidal et dans bien des localités du centre et du nord, de la persistance voire l’aggravation de l’insécurité ; et de la nécessaire mise en place des règles et mécanismes permettant la transparence des consultations électorales ou référendaires.

Le FSD a également voulu que soit affirmé clairement le caractère exécutoire et contraignant des résolutions adoptées ; mettre en place le mécanisme d’un Comité de suivi indépendant et participatif. «Nous sommes au regret de constater que nos espoirs d’un véritable « Dialogue national inclusif », franc, sincère, démocratique et participatif, s’amenuisent de jour en jour, alors que notre Nation recherche, au travers de cet exercice, une ultime opportunité de faire le point de la crise multidimensionnelle, et de définir les fondements d’un Mali nouveau », a indiqué Soumaïla Cissé.

De son côté, la plateforme « Anw Ko Mali Dron » (AKMD), composée de plusieurs partis politiques et organisations de la société civile dont l’Adema Association, les Fare-Anka Wuli… a décidé de ne pas participer aux travaux afin de ne pas cautionner le lancement d’un « dialogue politique inclusif administré».

Par ailleurs, la conférence des présidents de la Coalition des forces patriotiques (Cofop) avait aussi annoncé la suspension de sa participation aux travaux de l’organisation du dialogue politique inclusif dans un communiqué daté du mardi 20 août dernier et adressé au chef de gouvernement.  La Cofop explique sa décision par le fait que le gouvernement ne respecte pas les méthodes de son organisation : « Aujourd’hui, nous constatons avec regret que la méthode utilisée est le placement de l’organisation du Dialogue politique inclusif sollicité par les partis de l’Opposition sous l’autorité des départements ministériels. Pour notre part cette manière de faire nous conduira directement au mur », indique le communiqué de la conférence des présidents de la Cofop.  Ajoutant que l’exécutif n’est pas concepteur de l’objet du Dialogue politique inclusif qu’elles attendent. Pour cette coalition politique,  les décisions issues du dialogue  sont plutôt, sous l’autorité du Président de la République, à mettre infailliblement en œuvre par les départements ministériels : «  L’Exécutif net peut  donc pas être juge et partie dans l’élaboration et la mise en œuvre des termes de références relatifs à l’organisation du dialogue politique que nous attendons »,  déplorent les responsables de la Cofop.

D’autres acteurs politiques se montrent très réservés, voire hostiles à la tenue de ce Dialogue, à l’image du Dr Oumar Mariko, président du Sadi (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance), il annonce qu’en l’état actuel des choses, qu’ils ne participeront à cette rencontre.

Pour Moussa Sinko Coulibaly, président de la ligue démocratique, le dialogue national inclusif occulte des points essentiels. Et Coulibaly est sans équivoque : « Un vrai dialogue est toujours utile et nécessaire. Si c’est un dialogue sincère, un dialogue franc, nous nous y inscrirons. Mais, pour nous, IBK reste le problème du Mali. Un dialogue piloté par ce dernier ne va pas résoudre le problème. Il ne peut être le problème et la solution. Nous avons demandé un dialogue national piloté par une personnalité, neutre, impartiale et ce n’est pas ce que nous voyons. Les trois personnes désignées par le président, nous ne savons pas dans quelles conditions elles ont été désignées, pour quelle feuille de route ni quelles sont les manœuvres derrière. Nous voulions une personnalité étrangère avec suffisamment de distance avec le jeu politique intérieur pour diriger ce dialogue. Nous voulons mettre sur la table le départ du président, et évidemment vu qu’il pilote le dialogue il n’acceptera pas que cela soit inscrit à l’ordre du jour».

Le Cnas-Faso Hère de l’ancien premier ministre, Soumana Sacko, reste constant dans son refus de participer au dialogue politique. Dans un communiqué signé par son SG, le CNAS indique que le dialogue national inclusif annoncé n’a pour seule motivation et finalité que de chercher les voies et moyens d’une illusoire « légitimation » de l’accord antinational d’Alger, lequel, faut-il le souligner, n’a fait l’objet d’aucune délibération ni, à plus forte raison, d’aucune approbation par d’aucune des institutions républicaines compétentes. « Il est une violation flagrante de la constitution du 12 janvier 1992 et organisant fondamentalement une confédération comme antichambre de la partition du Mali au profit de groupuscules armés à forts relents féodaux, esclavagistes, racistes dépourvus de toute représentativité ou légitimité et instrumentalisés par des puissances étrangères africaines et non africains »,  déplore-t-il.

Pour Nouhoum Sarr des FAD : « le dialogue projeté par le gouvernement s’est transformé à un forum pour la majorité présidentielle ».

Mémé Sanogo

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