Editorial

Édito : Et si IBK, lui-même, tranchait la question de la crise scolaire ?

« Chers enseignants ! Soyez convaincus qu’aucun de vos soucis ne sera laissé de côté. Ni ceux qui figurent dans les cahiers de doléances souvent chargés, ni ceux non exprimés et qui sont d’ordre pédagogique. Je puis vous assurer que ce langage n’est ni opportunisme ni démagogie. J’engage le Premier ministre et les ministres en charge du secteur, avec l’accompagnement bien reconnu de tous les acteurs et partenaires, afin que soit progressivement redonnée à l’enseignant sa valeur historique ». Cette déclaration faite par le président de la République, le 05 octobre 2019 à l’occasion de la Journée mondiale de l’Enseignant, avait donné de l’espoir aux citoyens quant à l’avenir de l’école malienne. Les enseignants, les élèves et leurs parents ont cru que l’exécution d’une  telle décision du chef de l’État s’imposait au gouvernement. Mais la déception est grande aujourd’hui. L’école malienne se meurt chaque jour à cause du bras de fer qui oppose le Premier ministre Boubou Cissé à la synergie de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 pour l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants.

En effet, depuis décembre 2019, les élèves, ceux dont les parents n’ont pas les moyens de payer les écoles privées, sont dehors. Nous n’avons pas la prétention d’être des oiseaux de mauvais augures, mais ils y resteront pour longtemps, car il n’y a aucun signe annonciateur de la fin de la grève. Le Premier ministre est campé sur sa décision, soutenant que l’État n’a pas de moyens pour satisfaire la doléance des enseignants. Les syndicats de l’Éducation, quant à eux, malgré les intimidations des autorités, ne sont pas prêts à retourner dans les classes sans le début de l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants. La répression de la manifestation pacifique des enseignants, la semaine dernière, est la goutte d’eau qui a fait déborder la vase. Elle a radicalisé les leaders syndicaux de la synergie syndicale de l’Éducation. La tension est à son dernier degré entre les deux camps aujourd’hui.

Malgré cette situation tendue depuis des mois, le président de la République, garant du droit à l’Éducation pour tous les enfants du pays, est resté dans un mutisme sans nom. Est-il favorable à l’application de l’article 39 d’une loi qu’il a lui-même promulguée en 2018 ou soutient-il son chef du gouvernement ? Lui seul à la réponse à cette question. Mais il est temps qu’il donne sa position sur cette crise. Lui, IBK, qui a toujours chanté qu’il a un amour fou pour le Mali et ses enfants, doit enfin sortir de son silence incompréhensible et trancher cette question de bras de fer entre enseignants et Gouvernement. Un président fou amoureux de son pays doit-il laisser les pauvres écoliers dehors pendant des mois sans dire mot ? Non ! Il est sûr aujourd’hui que le Premier ministre et les syndicats d’enseignants peuvent difficilement avoir une entente et mettre fin à cette grève. Il lui revient donc, en tant que chef de l’État, de prendre sa responsabilité pour trouver une solution définitive à cette crise. Laisser ces millions d’enfants de pauvres dehors pendant que ceux des familles nanties sont en classe, c’est aggraver  l’insécurité. Ils sont des potentiels rebelles contre ce pays qui a violé leur droit à l’Éducation.

Boureima Guindo

Source : LE PAYS

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