Enquête d’opinion de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES) : 62% des Maliens ne sont pas satisfaits des actions du président de la République dans la gestion du pays
La Fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES) a rendu public les résultats de son enquête d’opinion politique qu’elle conduit au Mali depuis la fin de l’année 2012, dénommée Mali-Mètre. Cet exercice vise à offrir une cartographie régulière des questions d’actualité du pays ainsi que des préoccupations de l’heure des Maliens. Notons que la dernière édition de Mali-Mètre s’articule autour des thématiques suivantes : l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issus du processus d’Alger, la confiance dans les institutions, la stabilisation et la sécurisation, la justice et la bonne gouvernance, la justice, vérité et réconciliation ainsi que les perspectives.
Selon le rapport, cette année encore, les tendances des dernières enquêtes se confirment. Ainsi, la sécurité, le chômage des jeunes et la pauvreté continuent d’être perçus par les répondants comme les défis actuels majeurs. En effet, de nombreux répondants sont plus pessimistes sur les années à venir qu’ils ne l’étaient lors de la dernière enquête. Aussi, l’enquête a bénéficié du visa de l’Institut National de la Statistique du Mali (INSTAT).
Quant à la situation générale du pays et des régions, le rapport indique que les deux tiers (65,9%) de la population pensent que la situation générale du pays s’est détériorée, contre (9,6%) qui estime qu’elle s’est améliorée, et environ le quart (24,3%) qui juge qu’elle est restée la même. Par rapport à Mali-Mètre 10, le rapport note une augmentation de 23 points de la part de la population qui estime que la situation s’est dégradée et une diminution de 20 points de celle qui pense que la situation s’est améliorée.
S’agissant des défis majeurs du Mali, ils sont constitués prioritairement de la lutte contre l’insécurité (50,2%), la lutte contre le chômage des jeunes (49,5%), la lutte contre la pauvreté (45,9%) et la gestion du problème du Nord (41,9%). Comparés à Mali-Mètre 10, les principaux défis restent les mêmes, avec toutefois « la lutte contre l’insécurité » qui passe de la sixième (27%) à la première position. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à citer la lutte contre la pauvreté, la gestion du problème du Nord et l’amélioration de la santé comme défis majeurs du Mali. Par contre, les hommes sont plus nombreux que les femmes à citer la lutte contre l’insécurité et contre le chômage des jeunes.
La proportion de la population pour laquelle les défis majeurs sont l’amélioration de l’éducation, la lutte contre la corruption et la lutte contre la mauvaise gouvernance, augmente avec le niveau d’instruction. Enfin, il est à noter une augmentation avec l’âge de la part de la population qui indique, comme défis majeurs, la lutte contre l’insécurité alimentaire, la gestion du problème du Nord et la lutte contre l’insécurité.
Gestion du pays
En ce qui concerne la confiance dans les institutions, le rapport mentionne que 62% des enquêtés ne sont pas satisfaits des actions du président de la République dans la gestion du pays contre 37% qui se disent satisfaits. Par rapport à Mali-Mètre 10, la proportion des non satisfaits a augmenté de 17 points et celle des satisfaits a régressé de 18 points.
Par localité, la proportion de la population satisfaite des actions du président de la République est surtout enregistrée à Taoudénit (62,6%) et à Sikasso (61%). Le nombre de citoyens non satisfaits des actions du président de la République augmente avec le niveau d’instruction. La majorité des citoyens n’est pas satisfaite à 63% de la gestion du gouvernement contre 35% qui sont satisfaits. La proportion de citoyens non satisfaits de la gestion du gouvernement a augmenté de 13 points, comparativement à Mali-Mètre 10. Ainsi, il ressort que le niveau de non-satisfaction de la gestion du gouvernement augmente avec le niveau d’instruction.
Par rapport au niveau de satisfaction des actions des députés, 74%, des citoyens ne sont pas satisfaits des actions des députés, contre 18% qui sont satisfaits et 9% sans opinion. Par rapport à Mali-Mètre 10, la proportion des non satisfaits des actions des députés a augmenté de 14 points. La majorité (59,2%) des citoyens estime que le rôle des députés à l’Assemblée nationale est autre chose que « voter les lois » ou « contrôler l’action gouvernementale ». Cette opinion est surtout partagée à Sikasso (69%), Ségou (68,6%) et Bamako (66,1%), et plus par les femmes (72,2%) que les hommes (46,5%). La grande majorité (71,5%) de la population pense que les députés ne font que valider les décisions du gouvernement, contre 13% qui estiment que les députés contrôlent l’action gouvernementale et 16% sont sans opinion.
Quant au niveau de satisfaction des actions de l’Opposition politique, les citoyens sont, dans leur majorité (61%), insatisfaits des actions de l’Opposition politique, contre 24% qui sont satisfaits et 15% sans opinion. En comparaison avec Mali-Mètre 10, le taux des satisfaits a augmenté de 2 points. Les citoyens satisfaits des actions de l’Opposition politique sont majoritaires à Tombouctou (60%) et Taoudénit (53,2%), et les plus insatisfaits sont enregistrés à Kidal (80%), Ségou (73%) et Mopti (69%). Le taux des satisfaits augmente avec le niveau d’instruction.
Appréciation des actions du médiateur de la République, les citoyens sans opinion sont les plus nombreux (40%), contre 34% qui sont insatisfaits et 27% qui sont satisfaits des actions du Médiateur de la République. Les sans opinion sont majoritaires à Kayes (60,2%) et Koulikoro (57,7%) et plus nombreux à Bamako (48,1%), Ménaka (47,6%), Sikasso (44,6%) et Ségou (30,4%).
Au chapitre des priorités pour le président de la République et le gouvernement au cours des six prochains mois, elles sont par ordre de fréquence, « lutter contre le chômage des jeunes » (53,7%), « lutter contre l’insécurité » (45,7%) et « résoudre le problème du nord et du centre du pays » (45,3%).
Justice et bonne gouvernance
En matière de justice et de bonne gouvernance, 56,6% des citoyens font confiance à la justice, contre une forte minorité (41,7%) qui ne lui fait pas confiance, sans incidence significative du sexe, de l’âge ou du niveau d’instruction. Comparée à Mali-Mètre 10, la proportion de citoyens qui déclarent faire confiance à la justice a augmenté de 20 points. La part de la population qui ne fait pas confiance est dominante à Gao (68,4%), Kidal (67,7%), Tombouctou (58,6%), Mopti (56,9%) et Ségou (51,7%).
Dans le domaine de l’affirmation de la corruption de la justice, 89% des enquêtés sont au moins d’accord avec cette affirmation, contre 7% qui ne sont pas d’accord et 4% sans opinion, sans incidence significative selon le genre, le niveau d’instruction ou l’âge. Comparée à Mali-Mètre 10, la part de la population qui estime que la justice est corrompue a augmenté de 4 points. Quant à l’affirmation de la méconnaissance des procédures de la justice par les populations, elle est partagée par une grande majorité (92,6%) des personnes interrogées, contre 5% qui sont d’un avis contraire et 3% sans opinion. Elle est largement partagée dans toutes les villes enquêtées, particulièrement à Mopti (98%), Koulikoro (95,2%), Kidal (95%), Tombouctou (94,9%) et Kayes (94,8%). Et, la comparaison avec Mali-Mètre 10 montre une augmentation de 4 points de la part des populations qui trouvent que les procédures de la justice sont méconnues.
À la lecture du rapport, il ressort que l’affirmation de la complexité et de la longueur des procédures de la justice est partagée par 97% des citoyens contre 2% qui sont d’un avis contraire. Par rapport à Mali-Mètre 10, on note une augmentation de 3 points du nombre de ceux qui sont d’accord avec cette affirmation et une diminution de 2 points de ceux qui soutiennent le contraire. Sur l’affirmation du coût élevé de la justice, elle est partagée par une grande majorité des enquêtés (88,5%), et 7% sont sans opinion. L’incidence du sexe, de l’âge ou du niveau d’instruction n’est pas significative. Comparée à Mali-Mètre 10, la proportion des enquêtés d’accord avec cette affirmation a augmenté de 4 points.
En matière de lutte contre la corruption, le rapport mentionne que pour la quasi-totalité de la population enquêtée (96,2%), le niveau de corruption au Mali est élevé, sans incidence du sexe, de l’âge ou du niveau d’instruction. Cette proportion de la population qui estime que le niveau de corruption est élevé a augmenté de 5 points par rapport à Mali-Mètre 10.
Ainsi, les principales raisons de l’existence de la corruption au Mali s’expliquent principalement par « l’avidité /cupidité » (48,3%), « la pauvreté des populations » (46,8%), « les mauvais exemples des dirigeants » (35,9%), « l’impunité » (34,4%) et « le bas niveau des salaires et des revenus » (32,3%). Les mêmes raisons sont évoquées dans Mali-Mètre 10, avec cependant une différence significative dans l’ordre.
Les domaines les plus concernés par la corruption sont la justice (53%), la police (40,7%), les autres services publics (38,8%), la douane (35%) et la Mairie (30,4%). Le taux des sans opinion est de 6%. Comparés à Mali-Mètre 10, les domaines les plus concernés par la corruption restent dans l’ensemble inchangés et pratiquement dans le même ordre de citation.
Mama PAGA
Source : LE PAYS