SOCIETE

FACE À UNE FOULE EN COLÈRE : L’imam Dicko calme les ardeurs et prône la paix

Après le refus des autorités de laisser la délégation du M5 accéder à Koulouba pour remettre la lettre de démission au président de la République, l’imam Mahmoud Dicko a surpris tout le monde. Des milliers de personnes acquises à sa cause et prêtes à tout pour déloger IBK n’attendaient que son signal pour en finir avec le régime d’IBK. En lieu et place de la violence, le très respecté et éclairé imam Mahmoud Dicko a recommandé la paix et la sagesse.

La démission du président Ibrahim Boubacar Kéita est l’objectif pour lequel des milliers de Maliens avaient battu le pavé ce vendredi 19 juin 2020, à Bamako. Dans un rayon de 300 à 500 mètres autour du monument de l’Indépendance se trouvaient les manifestants. Ces derniers, estimant que la principale cause du calvaire des Maliens est la gestion chaotique du président IBK, demandent son départ de la magistrature suprême.

C’est la deuxième fois consécutive que cette foule se manifeste pour le départ du président. Au cours de cette deuxième sortie, les manifestants, déterminés, ne voulaient pas rentrer sans obtenir la démission du président. Pour ce faire, après leur déclaration, une délégation avait été envoyée à Koulouba pour remettre la lettre de démission au président Ibrahim Boubacar Keïta.

Comme il fallait s’y attendre, la délégation a été interdite d’accès au palais présidentiel. Pire, elle a été renvoyée à coups de lacrymogènes. Cette attitude des forces de l’ordre a suscité une colère noire chez de nombreux manifestants. Mais grâce au parrain de la Cmas, Mahmoud Dicko, non moins l’autorité morale du M5, beaucoup se sont retenus.

S’adressant à la foule, Mahmoud Dicko a fait savoir qu’il s’attendait à cette réaction du camp IBK. « Ce travail que vous voyez, nous savions que la délégation n’allait pas avoir accès», affirme-t-il. Dicko de poursuivre qu’il prend à témoin l’opinion internationale de l’attitude du président. « Nous prenons tous les pays du monde à témoin et ceux qui sont venus d’autres pays pour les négociations avec qui nous nous sommes entretenus hier. Mais nous leur promettons que rien ne sera cassé ou brûlé.  Tout ce qui est incivisme, nous ne ferons pas cela », a-t-il déclaré.

Pour Mahmoud Dicko, les destructeurs du pays, ce sont le président et son régime. « Eux, ils ont détruit le pays. C’est pourquoi nous sommes là aujourd’hui », argumente-t-il. Mais nous ne nous ajouterons pas à eux pour détruire notre patrie », souligne-t-il.

Cette attitude, selon Dicko, prouve que la violence est dans le camp adverse. Pour lui, le M5 a usé son droit de la manière la plus élégante possible. Et IBK devrait être élégant à son tour pour prendre la lettre et leur dire : ‘’oui, je vais vous répondre après’’. Mais force est de constater qu’il a empêché aux gens d’arriver à Koulouba, qui appartient au peuple.

Mahmoud Dicko considère cette réaction comme une provocation pour les entrainer dans l’erreur. Toute chose qu’ils doivent éviter. « Nous sommes un peuple non violent, nous sommes dignes. Cette tentative ne nous découragera pas. Elle ne nous fera pas renoncer.  Au contraire ça va nous galvaniser », insiste-t-il. Toutefois, il demande à la foule de savoir raison garder. Car, c’est le monde entier qui a les yeux sur eux.

« Quand on est qualifié d’éclairé et de sage, la sagesse nous recommande d’un dépassement de soi, d’une maitrise de soi », affirme-t-il. A cet effet, il demande aux gens de retourner à la maison dans le calme. Cela, pour le respect de la communauté internationale et nos voisins qui sont venus au chevet du Mali.

« En tant qu’imam et un vieux, la vieillesse est synonyme de sagesse. Donc, je ne peux pas vous dire de mettre du feu dans le pays ». Pour Dicko, en appelant les gens à la retenue, ce n’est ni par peur ou par crainte. Il renvoie la balle de la raison et de la sagesse dans le camp IBK.

M. Dicko affirme qu’il préfère être sacrifié lui-même pour son pays que d’y créer le désordre. « Nous allons encore nous organiser de manière que nous pouvons le faire pour obtenir ce que nous voulons. Nous avons aujourd’hui la possibilité d’arrêter le pays ; mais nous n’allons pas le faire », conclut-il.

Oumar SANOGO

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