Festival du Thé 2025 : Un vent d’espoir pour la relance de Farako
La deuxième édition du Festival du Thé a été lancée le vendredi 4 avril 2025, au Musée National de Bamako. Cet événement, qui se poursuit jusqu’au 6 avril, est l’occasion de célébrer non seulement les bienfaits du thé, mais aussi de toute chaine de valeur de ce produit. L’occasion a été mise à profit pour réveiller le souvenir du thé Farako. Une industrie malienne dont la relance est porteuse de grandes promesses économiques et sociales.
Sous le thème « Célébrons la Paix, l’Unité et la Culture », le festival a réuni des personnalités locales et internationales, ainsi qu’un large public venu découvrir l’importance du thé dans la culture malienne et internationale. La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présence de plusieurs figures de proue, dont Ibrahim F. Koné, chef du Cabinet du Ministère de l’Industrie et du Commerce, et l’ambassadeur de la République de Turquie au Mali, invité d’honneur de l’événement.
Le festival ne se contente pas de célébrer cette boisson populaire, il est aussi un moment propice pour rappeler l’histoire du thé au Mali et son potentiel de développement, notamment à travers la réhabilitation de la ferme de thé de Farako, un site emblématique pour le pays.
L’Histoire du Thé au Mali : Un Héritage de Collaboration avec la Chine
Après les indépendances, plusieurs pays africains ont entrepris de développer la culture du thé, en créant des industries nationales destinées à l’exportation. Le Mali ne fait pas exception. Dans les années 1960, les autorités maliennes, en collaboration avec le gouvernement chinois, ont lancé un projet ambitieux : la création de la ferme de thé de Farako. Ce projet a été reconnu en 1964 par le Premier ministre chinois CHU EN LAI.
À son apogée, la ferme de Farako couvrait 402 hectares, bien que seulement 102 hectares aient été véritablement mis en valeur. L’usine de thé, quant à elle, a été inaugurée en 1972. À ses débuts, la gestion de l’ensemble du site était assurée par des experts chinois, avant que la gestion ne soit confiée à l’administration malienne en 1987. La production annuelle de thé était alors estimée à environ 150 tonnes, et le projet était perçu comme un modèle de collaboration entre le Mali et la Chine.
La Désolation de la Fermeture et les Initiatives pour la Relance
Cependant, depuis 2011, l’usine de thé de Farako est à l’arrêt, laissant dans son sillage une population locale désorientée et au chômage. Le manque à gagner pour l’État malien sur le plan économique est également considérable. Cette fermeture a marqué un tournant pour la filière thé au Mali, mettant en lumière la fragilité de l’industrie et l’importance de la réhabilitation de ce site historique.
Malgré cet échec temporaire, plusieurs initiatives ont été lancées pour relancer l’usine de Farako. Ces efforts sont aujourd’hui plus importants que jamais, surtout avec le festival du Thé afin de réduire la dépendance du Mali vis-à-vis des importations de thé et d’offrir aux consommateurs maliens une gamme variée et de meilleure qualité. Ainsi, le rétablissement de l’usine et l’extension des terres de culture était au cœur des préoccupations de cette deuxième édition du festival du Thé, dont les initiateurs voient en cette industrie un moyen de dynamiser l’économie locale et de créer des emplois durables.
Dans les discussions en marge de cette festivité, il a été évoqué que les autorités, les producteurs et les acteurs privés ont tous un rôle important à jouer pour cette relance. « Nous avons besoin de réhabiliter cette usine, d’aménager d’autres terres propices à la culture du thé, et de ravitailler la filière en matière première afin d’assurer un avenir prospère à l’industrie du thé au Mali », a évoqué dans son discours d’ouverture, la directrice du Festival du Thé, Rokyatou Camara, pour mettre l’accent sur l’importance de réhabiliter cette industrie pour le développement économique du Mali.
Un environnement propice pour une Filière Thé Solide et Durable
À l’instar de certains pays africains, le Mali dispose aussi d’un potentiel important pour relancer sa filière thé. Le projet de réhabilitation de Farako représente un espoir pour la population locale, qui attend avec impatience de retrouver des opportunités d’emploi, mais aussi pour l’ensemble du pays, qui pourrait diversifier ses productions agricoles et réduire sa dépendance aux importations.
D’ailleurs, l’ambassadeur de la République de Turquie au Mali, s’est montré également favorable à l’initiative de relance de Farako pour faire du Mali un acteur majeur de la production et de l’exportation du thé en Afrique. À travers le Festival du Thé, cette vision d’avenir se concrétise et offre au pays l’opportunité de redéfinir son rôle sur le marché mondial du thé.
Issa Djiguiba