POLITIQUE

La classe politique se rebiffe

Le report du meeting prévu le vendredi 9 mai 2025 au Monument de l’Indépendance par les « Partis politiques pour la Constitution » vient remettre en question leur capacité, sinon leur engagement, à faire face aux défis. Après avoir laissé croire qu’ils étaient prêts à « défendre la démocratie jusqu’au bout », cette décision de recul à mi-chemin dans l’organisation d’une mobilisation de telle envergure, sous prétexte de « manœuvres pour provoquer des affrontements », laisse entrevoir un réel essoufflement de la dynamique commune.

Dans leur communiqué publié à la veille de la grande mobilisation, les partis ont avancé des excuses qui ne tiennent pas la route. Après des semaines de discours enflammés, de condamnations fermes de mesures dites « antidémocratiques » et d’appels à la « mobilisation populaire », des justifications comme des « appels à la violence, des menaces sur les réseaux sociaux » ou une « fausse demande antidatée de contre-manifestation » de prétendus « Jeunes leaders » pour saboter leur initiative, traduisent mal une volte-face, pour ne pas dire une crainte palpable d’un bras de fer avec le pouvoir en place.

Évoquer leur « responsabilité envers la vie humaine » sonne presque comme une insulte à la mémoire des martyrs de mars 1991.

Brandissant une lutte pour la restauration de la démocratie, ces Partis politiques pour la Constitution semblent désormais vouloir atteindre leur objectif par la prière, en espérant la clémence du Roi.

Tel un jeu d’enfants ou une scène de théâtre, la mesure de suspension des activités des partis politiques est venue mettre fin, sans résistance, à ce qui ressemblait à une révolution, ou plutôt à une simple recréation.

En parfaits stratèges, les plus hautes autorités de la transition ont compris l’homme politique, les ressorts de l’action politique et, par ricochet, ont su maîtriser le terrain politique sans aucune résistance.

C’est pourquoi certains observateurs n’ont pas hésité à se demander si, aujourd’hui, les Partis pour la Constitution sont encore capables de canaliser une mobilisation populaire efficace, dans un climat de tension ou de pression, comme ce fut le cas en 2020.

En tout cas, même si, dans leur communiqué, ils affirment être « toujours en phase avec les revendications du peuple » en promettant que le meeting n’est que reporté à une « très prochaine date », pour maintenir la mobilisation de leurs sympathisants, la perte de terrain est de plus en plus visible, avec des répercussions notables sur l’espace public et les libertés.

Les cas signalés de violences, d’arrestations, d’enlèvements ou d’intimidations de militants et figures politiques, comme Mamadou Traoré dit « le Roi », Mohamed Sangaré ou El Bechir Thiam, en sont une illustration frappante.

L’espoir pourrait renaître du côté de la justice, à laquelle nos héros d’hier affirment avoir fait appel, dans l’objectif d’obtenir l’annulation des mesures restrictives. Mais, pour l’instant, la démocratie, elle, attend toujours ses défenseurs sur le terrain.

La Rédaction

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