Moussa Mara au sujet du second tour Yelema-UDD en commune IV du district de Bamako : « Les candidats vont au 2e tour à égalité de chance. Ce qui va faire la différence… »
Qualifié pour le second tour des législatives en commune IV du district de Bamako, le candidat sur la liste Yelema, Moussa Mara reste confiant à sa relation avec la population de la commune IV. Dans cette interview qu’il nous a accordée hier, lundi 13 avril 2020, à son bureau au Cabinet Diarra, il est revenu sur les services qu’il a rendus au bénéfice de sa commune en tant qu’acteur de la société civile, leader d’association et maire. Mara appelle les électeurs à ne pas choisir un candidat pour l’argent qu’il distribue le jour du vote, mais pour ce qu’il sait faire. Il a aussi profité de cette occasion pour demander à toutes les bonnes volontés de s’engager pour la libération du chef de file de l’opposition sain et sauf.
Lisez l’interview !
Votre liste est qualifiée pour le second tour des législatives. Dites-nous pourquoi les populations de la commune IV doivent placer leur confiance en vous ?
Moi et la commune IV, c’est une longue histoire. J’ai commencé à travailler sur le plan de la société civile en 1998. J’ai commencé à être actif, moi-même, en tant qu’association auprès des populations à partir de 2000. Et de 2000 à 2020, j’ai dépensé en moyenne, chaque mois, 3 millions de francs CFA dans l’assistance, dans les petites infrastructures, dans le soutien aux gens. J’ai aussi continué à être là lors des cérémonies, lors des évènements, dans les carrés, dans les grins, dans les marchés, dans les ateliers. Tout ça pour vous dire que c’est une longue histoire entre moi et la commune IV. Ce qu’il faut noter aussi, c’est qu’au-delà de mon action individuelle, j’ai eu la chance d’être le maire de cette commune IV. Et en tant que maire, j’ai transformé les rapports entre les élus et la population puisque la mairie est devenue la maison des habitants de la commune IV. Les gens n’avaient plus peur de venir à la mairie parce qu’ils savaient qu’ils seraient accueillis et que leurs droits seraient acquis. Nous avons fait beaucoup de réalisations, mais nous avons renoué la confiance entre la population et les élus. Après, j’ai occupé d’autres fonctions au niveau national : ministre, Premier ministre. Là aussi, ce sont des actions d’honnêteté, de justice, de transparence que j’ai menées. Ce que les populations de la commune IV ont, sans doute, apprécié comme les autres Maliens. Tout cela explique pourquoi on me fait confiance dans cette commune. On sait que je travaille, que je suis honnête, que je dis la vérité, que je suis proche et accessible. Les gens ont aidé notre liste, Yelema, à être au 2e tour en tant que premier au 1er tour. C’est le lieu de remercier l’ensemble des électeurs et leur dire courage pour le second tour.
De nos jours, combien de partis et mouvements soutiennent votre liste ? Quels sont les accords politiques signés avec ceux-ci ?
En la matière, les gens font une grande fixation sur les alliances, les partis et les mouvements qui vous soutiennent alors que dans notre pays traditionnellement, le vote est axé sur la personne. Donc le vote, ce n’est pas les consignes des partis. J’ai vu ça depuis plus de dix ans puisqu’en 2007, j’ai été au 2e tour opposé au RPM avec IBK comme candidat. Toute la classe politique, sans aucune exception, l’avait soutenu. Il avait 31 % au 1er tour et moi 30 %. Au second tour, avec tous ces soutiens, il devrait normalement faire 65 %, mais il n’a fait que 51 % et moi, j’ai eu 49 %. C’est pour vous dire que le soutien des forces, des partis et autres est à relativiser parce que les gens votent pour les candidats. Cela étant dit, dans le cadre d’accord national, le parti Yelema a conclu avec Asma, ADP-Maliba, PRVM-Fasoko, MPM et nous sommes en train de finaliser avec la Codem, des accords nationaux où on va se soutenir mutuellement. Ces accords nationaux font que ces cinq (5) partis, au niveau national, nous soutiennent. Au niveau local, il y a toujours des exceptions : vous faites un accord national avec un parti, mais sa section locale n’est pas d’accord. Et cette section est aussi repartie entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Ça se traduit jusqu’au niveau des militants.
Nous avons beaucoup de partis, beaucoup de candidats éliminés au 1er tour, qui nous soutiennent et qui font campagne activement pour nous. Nous avons aussi d’autres partis qui ne nous soutiennent pas, mais qui sont en train de travailler pour nous à la base.
Pour moi, les candidats vont au 2e tour à égalité de chance. Ce qui va faire la différence, ce n’est pas les alliances, ce n’est pas la victoire au 1er tour, mais la qualité de campagne au 2e tour, notre capacité à convaincre le maximum des électeurs.
Dans une sortie médiatique, vous avez dénoncé le poids de l’argent sur les votes au Mali. Quel appel avez-vous à lancer aux électeurs maliens, ceux de la commune IV en particulier à ce sujet ?
Déjà en 2018, à l’élection présidentielle, j’ai parlé du poids de l’argent dans la politique. Et ce que nous avons vécu en commune IV n’est, en fait, que l’illustration de ce que je disais. Il y a beaucoup de personnes malintentionnées aujourd’hui, au Mali, qui ont des choses à se reprocher, qui voient l’Assemblée nationale comme un moyen de se protéger grâce à l’immunité parlementaire et sont donc prêts à investir des centaines de millions de francs CFA dans une campagne de l’élection législative. Nous avons vu une utilisation de l’argent comme jamais on l’a vu dans notre commune. Nous avons vu des grands partis comme le RPM et l’Adema éliminés au 1er tour alors qu’ils se sont mis ensemble. Ils sont éliminés au 1er tour parce que beaucoup de ces partis ont joué contre eux-mêmes du fait de l’argent.
Aujourd’hui, on est au seuil du vote, je dis aux habitants de la commune IV, aux électeurs et aux électrices, de ne jamais choisir un responsable parce qu’il vous a donné de l’argent. Un responsable prétend à un poste pour servir les populations. Donc il rend service à la population quand il est dans le mandat. S’il vous donne de l’argent, c’est qu’il ne compte pas vous rendre service demain. Il faut que les populations le comprennent : les gens qui donnent de l’argent pour le vote sont des catastrophes généralement une fois qu’ils sont élus. On le voit à tous les niveaux. Je demande aux populations de voter pour des gens qui sont travailleurs, compétents, honnêtes et qui l’ont démontré par le passé. On dit, chez nous, quand on est noble, on respecte sa parole ; quand on est noble, on ne ment pas ; quand on est noble, on n’achète pas les consciences ; quand on est noble, on ne trompe pas les gens. Moi, j’ai démontré cela dans les années précédentes à tous les postes de responsabilité. Choisissons sur la base de la confiance et de l’honnêteté. C’est là où on n’aura pas de surprises.
Nous ne saurions terminer cet entretien sans effleurer la détention du chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé par des djihadistes. Quel message lancez-vous à l’endroit des autorités, du peuple malien, de la communauté internationale… pour sa libération et son retour sain et sauf parmi nous ?
Depuis que Soumaila Cissé a été enlevé, moi je communique très régulièrement sur sa situation et je me suis déplacé à son siège pour traduire ma solidarité à son équipe. Donc je demande à toutes les bonnes volontés, encore une fois, de tout faire (au niveau local, du Gouvernement, de la cellule de crise, de la communauté internationale) pour que l’honorable Soumaila Cissé qui vient d’être réélu de manière remarquable puisse recouvrer sa liberté. Tous ses compagnons ont été libérés. Il reste seul en détention. Qu’il puisse recouvrer sa liberté, continuer à occuper sa place politique, sa place auprès de sa famille et à jouer un rôle comme il le fait depuis des années. Je suis tout solidaire avec lui, sa famille et son parti. Nous demandons sa libération sans condition et immédiate au bénéfice de notre vie politique, de notre démocratie et du Mali.
Réalisée par Boureima Guindo
Source : LE PAYS