La pratique politique dans le cercle de Tominian : La démagogie au summum
Depuis l’avènement de la démocratie dans le cercle de Tominian, ledit cercle avance par à-coup. Composé majoritairement de Buwa, un peuple qui n’est pas si versatile comme les autres, le cercle a eu beaucoup de promesses, mais force est de reconnaître que l’on ne voit presque aucun changement qualitatif au sein de la population. Est-ce une incapacité politique ou populaire ? Quelle conception la population a de la politique ? Quel est le rôle de l’élu de la nation ?
Du sens de la politique
La politique, dérivée de polis, au sens général, est conçue comme la gestion des affaires de la cité. En d’autres termes, c’est la gestion du pouvoir. Autrement dit, c’est faire de telle sorte que l’on puisse influencer le pouvoir ou participer à l’exercice du pouvoir dont le but final est la défense (promotion) de l’intérêt général de la chose publique. Définition simple, mais suffisante. Si telle est la définition de la politique, demandons-nous si la politique est conçue comme telle dans le cercle de Tominian.
La politique dans le cercle de Tominian est conçue en termes de mensonge, de tromperies, de mysticisme, de danger, de fausses promesses, d’influence pour faire peur, de ténèbres, de coups et contre-coups, de pièges. Raison pour laquelle, certains, poussés par leur instinct de survie la fuient, d’autres pour ne pas avoir à faire à des gens, ont érigé entre eux et la politique un cordon sanitaire, perdant toute confiance en la politique. Elle est tellement conçue comme mensonge à telle enseigne que si l’on remarque que quelqu’un veut mentir, on lui dit : « Fais-nous grâce avec ta politique ».
De la pratique de la politique
Urbi et orbi, l’on peut dire que dans le cercle de Tominian la politique se pratique mal, dangereusement. Dans un monde où l’on parle de mondialisation, dans une localité où la politique se pratique à couteau tiré, nous n’avons même pas un même langage pour parler, discuter de nos problèmes en tant que peuple à part entière, en tant que cercle, à fortiori s’unir pour envisager des solutions.
En réalité, le cercle de Tominian n’a jamais connu d’hommes politiques ou d’hommes d’État, mais seulement des politiciens. L’homme politique pose des actes concrets pour le bien-être de sa population ; le député, homme d’Etat, est celui qui sait qu’il a trois tâches principales qui sont : législateur, contrôleur et intermédiaire. Il vote les lois d’intérêt général, il contrôle le travail de l’administration dans sa localité, il consulte sa population et lui fait des restitutions, il est visible à l’assemblée, ne fait point de différence entre les membres de sa population. Il rêve de la prochaine génération.
Cependant, le député politicien ne rêve que de la prochaine élection. Tout ce qui le préoccupe c’est sa réussite personnelle. Il fait du bien à certains particuliers afin que l’on dise qu’il est social, généreux oubliant les sujets d’intérêt général.
Au clair, certains partis politiques ont eu et continuent d’avoir de la force dans le cercle de Tominian, mais la réalité nous montre que le cercle ne profite pas assez de la politique. Seuls les élus et leurs proches se partagent la partie juteuse. À qui la faute ? Dans un cercle où certains pensent et font croire que le pouvoir doit toujours leur revenir de droit, comment le changement peut-il s’y opérer ? Par quel droit humain ou divin, des individus en leur espèce pensent et font penser qu’ils doivent, à chaque élection, remporter cette dernière ?
De l’inconscience
Nous sommes face à une inconscience. Est-elle une inconscience populaire ou une inconscience des élus ? En vérité, c’est une inconscience populaire et des élus, chacun, à un degré de niveau, est fautif, coupable. Le déclic est mental, et tant que cela restera, rien ne changera. L’inconscience se traduit aussi en termes de mauvaise foi. La personne de mauvaise foi est celle qui n’a pas confiance en ses capacités. Elle voit donc le négatif dans tout. Elle a une mauvaise image d’elle-même vis-à-vis des autres.
Des élections législatives de 2020
Voyant que tous les anciens députés de ces dernières années sont tous candidats, il est aisément compréhensible que ce soit de l’opportunisme, l’arrivisme, l’individualisme, le thatchérisme, le machiavélisme, et non un réel souci de l’avenir du cercle, pire encore du changement. Comment croire à quelqu’un qui t’a montré qu’il est incapable ? Comment voter quelqu’un qui t’a déjà trompé ? Comment choisir encore quelqu’un qui a prouvé que ce n’est pas l’intérêt de la population sa préoccupation ? Telle est la plus grande inconscience populaire. Il est temps de faire table rase avec la politique de famille, la politique du ventre, l’achat des consciences par les pressions morales (billets d’argent, thé, sucre, sel…). Malgré les différentes élections, aucun changement qualitatif au sein de la population.
De la trahison
Avec la démocratie, nous avons eu le droit d’élire nos élus, nous sommes donc dans la décentralisation. Nos élus, des fils de la localité devraient donc défendre le cercle partout où ils seront, et surtout à l’Assemblée pour les députés. Ils devraient être les porteurs du message d’un peuple noble, digne et plein d’honneur. Ils devraient, à chaque instant, consulter leur base, informer cette base de ce qui passe au niveau de l’État, voter des lois en sa faveur, en somme, défense l’intérêt de la population. Telle est la mission. Mais nos élus, des fils de la localité, ont failli à leur mission en ne défendant que leurs propres intérêts, en se transformant en porteurs de leur propre message. Assez d’élus locaux, une fois élus, se métamorphosent en Léviathan, et pire encore, la population continue à élire ceux qui la trompent, elle refuse la dénonciation, elle refuse de voir la vérité. C’est là que se trouve la trahison du cercle de Tominian par ses élus et sa population. La population ignore le rôle de l’élu local et de l’élu de la nation. Les anciens ont fait preuve de leur incapacité. Ils sont toujours absents à l’Assemblée nationale. Une fois élu, le florilège de promesses tombe dans les oubliettes. Comme l’ondit, tout peuple mérite le gouvernement qu’il a, nos élus sont à notre image.
Nos députés partent toujours en rang dispersé en sens qu’ils ne se consultent pas. Ils devraient chercher à unir tous les élus locaux du cercle, consulter de temps en temps la base et faire des restitutions à la base. Cela fait défaut à nos députés. La base les voit que seulement à l’approche des élections. Nous n’avons aucune maison au nom des députés du cercle. Pourquoi construire, même une salle, que l’on appellerait « Maison de l’Élu de Tominian » où les députés feraient les restitutions.
Quelles solutions envisager ?
La jeunesse a-t-elle la solution ? Il est bien de se le demander. En principe, le candidat à la députation doit avoir une certaine maturité morale, intellectuelle, politique, sociale et être à l’abri du besoin. Parler de la jeunesse, revient à parler du peuple dans sa portion entière. Qui a souci de l’intérêt commun, qui œuvre pour un changement réel, pour l’auto-prise en charge, pour un devenir meilleur de la population, reste et restera toujours jeune, car la jeunesse, ce n’est pas que l’âge, c’est plutôt l’esprit. Jeune, parce qu’il ne cessera pas de parler de devenir meilleur. Jeune, parce qu’il ne cessera pas de promouvoir l’auto-prise en charge. Jeune, parce qu’il ne cessera point de dénoncer, de critiquer et de proposer. Des fois, la réalité incline à penser qu’il faut un drame généralisé pour que la population prenne conscience. Ce qui est capital serait l’éveil des consciences. Ce qui revient aux partis politiques, mais qui ne le font point ; à la jeunesse et aussi aux ressortissants. Ces derniers sont souvent muets face à ce qui se passe dans le cercle. Il faut une politisation de la population. Politiser la population ne veut pas dire apprendre à la population à faire la politique. Elle, la politisation est plutôt un éveil de conscience, une éducation de la population au sujet du rôle de l’État, de chacun des élus, du citoyen… Grâce à la politisation, la population connaîtra les problèmes du cercle, les dangers, les enjeux et les solutions envisageables.
Appel
Peuple du Buwatun, si nous ne faisons pas une bonne politique, la politique nous fera toujours, nous subirons toujours le Mali. Une nouvelle élection, de nouvelles personnes. Si nous voulons le changement, nous devons commencer par changer nos idées, changer nous-mêmes, nos choix, nos élus.
Si certains disent que le cercle de Tominian est en retard, c’est de notre faute, car nous sommes périmés dans notre manière de penser, périmés dans notre être, parce que nous ne voulons pas sortir de notre anthropologisme ethnique. Donc le retard est imputable à nous-mêmes.
Si certains disent que le Mali nous a oubliés, c’est parce que nous nous oublions nous-mêmes. À la moindre occasion de fêter, nous dansons, buvons, mangeons comme si la mort n’existe pas, comme si nous ne sommes pas sous-développés, comme si nous sommes un cercle émergent, oubliant notre devenir.
Si souvent les premières impressions nous inclinent à penser qu’il y aurait changement, les dernières nouvelles nous montrent le contraire. Une élection, ce n’est pas dans les rues, mais dans les urnes. Certains qui crient changement, changement sont les premiers à faire le contraire en votant contre toute logique du changement. Certaines personnes qui devraient être les acteurs du changement sont les premiers à faire maintenir le statu quo.
Même si l’homme à la boutade célèbre, Wolé SOYINKA, dit que « Le tigre n’a pas besoin de proclamer sa tigritude, il se jette sur sa proie… », notre tigritude est arrivée à un niveau qu’il faut la proclamer à la ville et à la campagne afin que certains tigres prennent conscience de leur tigritude.
19/03/2020
Laxi Jonas KONE
Source : LE PAYS
Félicitations mon philosophe
Courage vraiment mon frère c’est pas facile mais avec la patience tu arriveras à touché les consciences des inconscients pour le bien être de la population de ton cercle.
C’est du lourd Laxi ! On a mal compris la politique en Afrique !
C’est du lourd Laxi. On a mal compris la politique en Afrique.
Féli