POLITIQUE

Suspension des activités des partis politiques : L’Etat sauve sa peau

Sans aucune surprise, le gouvernement, lors du Conseil des ministres du mercredi 7 Mai dernier a adapté un projet de décret portant suspension des activités des partis politiques, des associations à caractère politique et de toutes autres organisations se réclamant d’un caractère politique sur toute l’étendue du territoire national. Adossé à une nécessité d’ordre public, et, jusqu’à nouvel ordre, cette mesure vient neutraliser le mouvement d’humeur nostalgique aux évènements de 2020.

Telle une goutte d’eau qui fait déborder le vase, la consultation des Forces Vives de la Nation et des Maliens de l’extérieur, dans le cadre de la relecture de la charte des partis politiques est venue crisper une atmosphère déjà tendue entre le gouvernement et la classe politique. Pendant que les assises nationales de la refondation ont recommandé : la réduction du nombre de partis politiques en appliquant des conditions restrictives de création et de financement ; la relecture de la Charte des partis politiques, avec une réaffirmation du statut du chef de file de l’opposition et l’interdiction du nomadisme politique en cours de mandat, la consultations des forces vives de la nation sur la même question a exigé, tel un châtiment : la dissolution pure et simple des partis politiques et leur réorganisation par une nouvelle législation ; la suppression du financement public des activités des partis politiques ; l’audit du financement public des partis politiques ; la suppression du statut du chef de file de l’opposition politique à travers l’abrogation de la loi n°2015-007 du 4 mars 2015 portant Statut de l’opposition et le durcissement des conditions de création des partis politiques.

Trainant certes, le bilan critique d’une gouvernance jugée un peu sombre, les partis politiques, malgré ce rejet par une bonne partie de la population, n’entendent pas être spectateurs de leur propre deuil. Ils décident alors de braver l’interdiction. Une première activité (meeting au Palais de la Culture) sabotée par des soutiens de la transition leur donnera confiance sur leur capacité de mobilisation, le seconde (à la Maison de la presse) également sabotée leur persuadera sur la profondeur du malaise au sein de la population favorable aux futurs ralliements à leur cause.

Question de vie ou de mort, le gouvernement décide de circonscrire immédiatement l’ambition d’un duel à la place de l’indépendance.  Bien que ses soutiens avaient aussi commencé à sortir leurs muscles, mais c’est un jeu dangereux que les plus hautes autorités de transition n’ont pas voulu se lancer au risque de compromettre leur légitimité, pis sous les projecteurs des « ennemis extérieurs » qui n’attendent que cette occasion pour s’infiltrer.

Quand les partis politiques en abusent aussi

Quoi que l’on dise, le Mali vit sous un régime d’exception. Ceci dit qu’on ne peut tout se permettre comme étant dans une période normale.  La première suspension des activités des partis politiques ayant conduit, à l’époque, à l’arrestation de plus d’une dizaine de leaders politiques en sont une belle illustration. La levée de ces suspensions suivies de la libération des 11 leaders politiques ont le jeudi 5 décembre 2024 après cinq mois de détention est un bon signe à saluer. De notre analyse, la dynamique de la classe politique devait toujours être une approche participative surtout dans un contexte où elle est rejetée par une frange importante de la population. De plus, l’abrogation de la charte des partis politiques en lieu et place de la dissolution des partis politiques telle que recommandée lors de la consultation ainsi que la sortie du Directeur général de l’administration du territoire, M. Abdoul Salam DIEPKILE, après l’abrogation de ladite pour rassurer que cela n’impacte en rien l’existence des partis politique dénote de la flexibilité des autorités de la transition sur la question. Mais par-delà faire maintenir la pression et appeler à la mobilisation jusqu’à demander la fin de la transition en cours, bien que légitime, ne laisse pas le choix au gouvernement de transition. Elle a donc usé de son pouvoir discrétionnaire pour se mettre en sécurité.

Issa Djiguiba

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